Quel destin exceptionnel que celui de Radegonde ! Princesse thuringienne, emmenée toute jeune en captivité par l’assassin de sa famille, qui bientôt l’épousera, bien malgré elle, faisant d’elle la reine des Francs ; fondatrice à Poitiers du monastère Sainte-Marie, qui deviendra Sainte-Croix lorsqu’elle aura obtenu de l’empereur de Constantinople Justin II un fragment important de la Croix de Jésus ; simple moniale, refusant de devenir l’abbesse de cette communauté qu’elle avait fondée, et en même temps liée aux plus grands personnages de son époque… Le profil d’une européenne avant la lettre, d’une bienfaitrice dévouée aux pauvres et malheureux de toutes sortes, en un temps où rien n’existait pour les prendre en charge, d’une conseillère politique avisée auprès de ces grands en lutte constante les uns contre les autres pour asseoir leur hégémonie… Une vie « éclatée » ? Non : une vie totalement unifiée par son unique désir d’être « libre pour Dieu seul » (Baudonivie, Vie de sainte Radegonde).