L’ouvrage montre comment la figure du Giono romancier en est arrivée à éclipser totalement celle d’un Giono penseur, profondément engagé dans un projet de révolution paysanne visant à détruire une « société de l’argent » fondée sur le mépris de la terre et des rapports humains les plus simples et les plus essentiels.
Écrits avant la guerre, ses essais politiques et philosophiques, qui ont contribué à le faire passer pour réactionnaire, acquièrent aujourd’hui une actualité saisissante au regard du désastre engendré par un développement technico-financier qu’il fut un des premiers à dénoncer. Les relire aujourd’hui pourrait nous aider à définir une véritable politique du vivant qui aurait pour fondement le refus de la puissance et l’acceptation de notre condition réelle d’humains spirituellement enracinés dans l’humble humus d’une terre ouverte aux plus hautes suggestions de l’esprit. Ce qui n’exclut pas, loin s’en faut, de rire de tout ce qui, prétendant faire de l’homme un Dieu, le ravale cyniquement au rang du singe.