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L'EGLISE ET L'ETAT 2000 ans de laïcité

Réf.: SLPl3

Jean Étévenaux

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On peut s’étonner que l’Église chrétienne soit devenue une structure de pouvoir et même un pouvoir en elle-même. Le Christ avait pourtant bien précisé : « Rendez donc à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu » (Mt 22, 21). On peut même dire qu’il avait désacralisé le pouvoir politique, qui perdait ainsi son caractère absolu en étant relativisé : le gouvernement devenait une affaire purement terrestre, certes concédée par Dieu – « Tu n’aurais aucun pouvoir sur moi si cela ne t’avait été donné d’en haut » (Jn 19, 11) — mais laissée au libre arbitre de l’homme.
Malgré ses imperfections, ses erreurs et ses fautes, l’Église fait figure de boussole chargée de guider l’humanité vers l’amour de Dieu. À ce titre, elle œuvre dans le monde et réclame même qu’une place lui soit reconnue, car elle a besoin d’un minimum de liberté pour conduire son action. Le problème se pose donc inéluctablement de son positionnement dans la société et de ses rapports avec les pouvoirs publics. Comme elle intervient forcément dans la sphère civile, trois grands cas de figure existent : soit elle est persécutée par un pouvoir politique qui ne lui accorde aucune place, soit elle s’assujettit ce pouvoir politique qui devient alors son bras séculier exécutant ses désirs, soit ce pouvoir et elle se reconnaissent mutuellement leur autonomie tout en s’efforçant de collaborer selon des modalités dont existent forcément des milliers de variantes.
Toute l’histoire de l’Église peut donc se résumer aux rapports qu’elle entretient avec le politique. Comme elle ne peut pas être éloignée des réalités terrestres — puisqu’elle est fondée sur l’Incarnation et qu’elle privilégie la méthode de l’inculturation —, elle est présente dans l’histoire personnelle des hommes mais aussi dans celle des peuples et des civilisations. Ses rapports avec l’État, quelque tournure qu’ils prennent, sont inévitables ; elle ne peut pas se confiner dans un splendide isolement et se laver les mains des réalités de ce bas monde : elle n’est pas Ponce Pilate.
Au début du XXe siècle, l’Église catholique, tout en s’efforçant d’entretenir, grâce à sa diplomatie, des relations avec le plus grand nombre d’États, classait le monde selon le degré de liberté qui lui était concédé. Petit à petit s’est développée une sorte d’indifférence plus ou moins polie, qui s’est traduite, en 1947-1948, par l’élimination volontaire de toute référence religieuse lors de l’élaboration, à l’ONU, de la Déclaration universelle des droits de l’homme et plus récemment encore la criante omission dans la Constitution européenne.
Cette histoire passionnante de la laïcité se lit comme un roman.