Après une enfance malmenée par les méfaits de la guerre, Paul Keruel atterrit par hasard dans des sacs d'épices sur le port de Nantes, il devient instituteur puis directeur d'école en Vendée, où les gamins font plusieurs km à pied matin et soir, les conseils de classe avec les parent ont lieu ...dans la cave ; puis il travaille dans des sanatoriums pour enfants souffrants de tuberculose, dans le Briançonnais, produisant par ennui, face au soleil qui leur apporte le calcium dont ils ont besoin, des milliers de dessins dont il fait une étude sérieuse publiée sous forme de deux gros volumes, prélude à des études de psychologie scolaire.
Il s'aperçoit alors qu'il est gourmand et s'adonne d'abord à la gastronomie livresque en publiant des livres de cuisine bretonne, puis de terroir dans les Alpes qui le rapprochèrent de l'éditeur Robert Morel dont les livres font aujourd'hui le bonheur des bibliophiles avec qui il coopéra pendant 7 ans, au Jas du Revest Saint Martin, près de Forcalquier. Il fréquente dans ce haut lieu mystérieux des écrivains de haut vol :
" Jean Giono écrivant à la plume tout en me parlant sans se rendre compte que j'étais paralysé de timidité; une fois Madame Giono m'a sauvé en venant me chercher pour m'apprendre la fameuse daube de son mari dont je ne suis pas sûr d'ailleurs qu'il l'ait jamais réalisée; Michel Tournier qui venait de recevoir le Goncourt pour le Roi des Aulnes et qui arrêtait sa vieille 403 près d'une borie en plein Contadour, son coffre était rempli de cerfs-volants , on jouait pendant des heures, Bernard Clavel qui a fini par dire qu'il ne ferait jamais un livre sur la Provence qu'il détestait, le Père Lelong, dominicain, qui venait de se faire virer du prêche de Notre Dame pour avoir dit un sermon sur le Maroilles en chaire et retransmis sur l'ORTF; pour le venger Robert l'a publié, avec grand succès d'ailleurs".
Jusqu'à ce que par un juste retour aux sources, s'affirma l'envie irrésistible de plonger dans les marmites de chocolat pour produire des sculptures monumentales (l'avion de Saint-Exupéry, Robert de Niro pour le festival d'Avoriaz) et bonbons de chocolat sous différentes enseignes crées par lui et toujours innovantes. Quarante années de créativité passionnée qui le rapprochèrent d'une récréation bien méritée avec la création l'année dernière, avec l'aide d'une bande de partenaires motivés et compétents, il a installé à Aouste-sur-Sye ( Drôme ) un jardin de 450 plantes aromatiques ouvert aux écoles et au public.