À soixante-dix ans, le Père Alfred Rayne, dit Reyne est beaucoup plus qu'un curé de montagne : c'est un curé montagnard. Pour preuve, le 6e Bataillon des Chasseurs Alpins de Barcelonnette (04), l'a reconnu officiellement digne de porter l'Étoile bleue, une distinction enviée par tous les chevronnés des hauts sommets des Alpes, c'est dire ! Donc, d'une façon aussi naturelle que la recette de son génépi, il nous raconte, sa petite enfance dans une ferme en Ubaye, ses années de Petit et de Grand Séminaire à Digne-les-Bains, son engagement dans la Résistance, ses premières paroisses qu'il rejoignait à ski ou en triporteur et – même s'il ne faut pas trop le dire – quelques souvenirs de contrebande de sel et de riz avec l'Italie, avant d'évoquer la chasse au chamois et la pêche à la truite qu'il pratique volontiers quand son ministère lui en laisse le temps. C’est-à-dire rarement. Car, lorsqu'il ne célèbre pas un office ou qu'il n'est pas en répétition avec la chorale Chantubaye, le Père Rayne accompagne des groupes en balades : la magnificence de la nature alpestre – de la flore notamment, dont il est un fin connaisseur – lui offre tant de belles occasions de parler des Mystères de la Création… Alors, très vite, les paroles du Père Rayne deviennent celles de tous les curés exerçant dans les départements en voie de désertification et, à l'heure de la crise des vocations, leur petit monde allant rétrécissant, elles finissent par devenir une source de réflexion sur l'avenir.