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Contexte historique de la littérature Ascético-Mystique du Siècle d’Or espagnol

Ces auteurs ayant vécu sur deux règnes déchirés par des insurrections, révoltes, controverses religieuses entre Jésuites et Dominicains, Contre- Réforme, des dates clés s’imposent :

1517- 1556 Avènement de Charles I, Empereur Charles Quint - et Philippe II 1556-1598
1517 Publication des Thèses de Luther 
1545 Ouverture du Concile de Trente
1547 Premier index inquisitorial, la cathédrale de Tolède adopte les premiers statuts de pureté de sang
1559 Premiers autodafés de Valladolid et Séville contre les Luthériens
1562 Début des guerres de Religion en France
1563 Fin du Concile de Trente
1566 Début de la révolte des Pays Bas
1571 Bataille de Lépante ; victoire de la Sainte Alliance sur les Turcs
1588 Désastre de l’Invincible Armada
1590 Bref de Sixte Quint confirmant les Constitutions des déchaussées, annulé par Grégoire XIV en 1591
1598 Mort de Philippe II. Avènement de Philippe III

Notes biographiques

Note Biographique de Thérèse d’Avila (1515-1582)   -TA-

    1515 Naissance à Avila de Thérèse, fille de Don Alonso Sánchez de Cepeda et de Beatriz Ahumada. TA sera la troisième enfant de neuf enfants nés de secondes noces après la mort de la première femme qui donna à Don Alonso deux enfants.1528 mort de la mère ; TA est pensionnaire au couvent des augustines de Notre Dame de Grâce. Malade elle revient dans sa famille. ; 1537 TA fait profession ; 1543  mort du père, TA en ressentit une vive douleur, présente tout le long de sa vie.
1560 TA décide de fonder un couvent selon la Règle primitive du carmel. Elle commence à rédiger ses premières Relations spirituelles ». 1562 rédige la première version du Livre de la vie à Tolède ;  la même année elle fonde le 24 août le premier Carmel réformé, le monastère Saint-Joseph à  Avila. Première ébauche des Constitutions. 1565 TA achève de rédiger la version définitive du livre de la vie ainsi que celle des Constitutions lesquelles sont approuvées par le Pape Paul IV.
Après  avoir fondé en 1568 les couvents de Malagon en avril et de Valladolid en août, en1569 TA fonde le couvent de Tolède en mai, et sous l’impulsion de la princesse d’Eboli, celui  de Pastrana, en juillet. Elle rédige les Exclamations. S’en suivra l’année suivante la fondation du couvent de Salamanque…En janvier, fondation  du couvent d’Alba de Tormes où Jean de la Croix l’accompagne. 1575 le Livre de la vie est soumis au tribunal de l’Inquisition de Madrid ; en cette même année elle fondera les couvents de Beas de Segura et de Séville ;  assignée à résidence à Tolède elle commencera la rédaction du Château intérieur, après d’autres fondations, celle de Burgos en avril précédera sa mort à Alba de Tormes l4 octobre 1582. La publication à Salamanque de la première édition des  œuvres de TA sous le titre de Les Livres de la mère Thérèse de Jésus, verra le jour en 1588 par les soins de Fray Luis de León. Elle sera béatifiée par Paul IV en 1614, canonisée en 1622 par Grégoire XV, et déclarée docteur de l’Eglise par Paul VI en 1970.

SANTA TERESA JESÚS     

Veía un ángel cabe mi hacia el lado izquierdo en forma corporal, lo que no suelo ver sino por maravilla. […] No era grande, sino pequeño, hermoso mucho, el rostro tan encendido que parecía de los ángeles muy subidos, que parecen todos se abrasan. […] Veía le en las manos un dardo de oro largo, y al fin del hierro me parecía tener un poco de fuego. Este me parecía meter por el corazón algunas veces, y que me llegaba a las entrañas. Al sacarle, me parecía las llevaba consigo, y me dejaba toda abrasada en amor grande de Dios. Era tan grande el  dolor, que me hacia dar aquellos quejidos; y tan excesiva la suavidad que me pone este grandísimo dolor, que no hay desear que se quite, ni se contenta el alma con menos que Dios. 

Vida de Santa Teresa de Jesús
CAP. XXIX   vers 1562… Transverberación

Je voyais près de moi un ange, à ma gauche, sous une forme corporelle, qu’il ne m’arrive de voir que très rarement. […] Il n’était pas grand, mais plutôt petit, d’une grande beauté ; son visage très enflammé paraissait indiquer qu’il était l’un des plus élevés, qui semblent tout embrasés. […] Je  voyais dans ses mains un long dard en or dont la pointe de fer portait, je crois, un peu de feu. Parfois, il me semblait qu’il me l’enfonçait dans le cœur plusieurs fois et qu’il m’atteignait jusqu’aux entrailles. Lorsqu’il le retirait, on eût dit qu’il me les arrachait, me laissant tout embrasée d’un grand amour de Dieu. La douleur était si vive, qu’elle me faisait pousser ces plaintes dont j’ai parlé, et la douceur qu’elle me procure est si extrême, qu’on ne saurait désirer qu’elle cesse et l’âme ne peut se contenter de rien moins que de Dieu.

Traduction de Jean Canavaggio in Introduction PLÉIADE
Note Biographique  de Fray Luis de León (1527 ó 1528-1591)

    Fray luis naît à Belmonte en Castille province de Cuenca en terre de la Mancha en 1527 ? 28 au sein d’une famille de sang juif ; ses premières études il les fait à Madrid et Valladolid ; en 1543, il rentre au couvent de S.Agustin de Salamanca, où il fera sa profession l’année suivante ; en 1551 il se licencie en théologie, en 1556 il étudie l’hébreu à l’Université d’Alcalá ; en 1558 il sera Docteur en Théologie. À trente-deux ans lui sera confiée la chaire à l’Université de Salamanque ; son premier procès inquisitorial dure de 1572 à 1576, il réintègre le 3 Décembre de cette même année ; de nouveaux débats et luttes l’impliquent dans un second procès (1582-1584). Peu de jours après avoir été élu Provincial de son Ordre en Castille, il meurt à Madrigal de las Altas Torres le 23 août 1591 à l’âge de soixante- quatre ans.
Son œuvre magistrale Les Noms du Christ commencée en 1573, publiée en 1583 et  finalisée en 1585 se veut être une introduction à la  pensée biblique et patristique, certainement le projet prit son impulsion décisive à la sortie de son incarcération de 1572. Luis de León s’y révèle philologue, il ennoblit le Castillan l’élevant à la catégorie de la rhétorique stylistique dans une prose castillane, en cela son maître est Luis de Granada. Le mysticisme- musulman et chrétien- qui donnera la lecture à sa maximale signification dans lequel  se  reflètent  les attributs divins tels ceux des auteurs Ibn Arabí et Ramón Llull-Els Cent noms de Dèu-. Son sentiment religieux le plus profond se donnera  à travers son œuvre poétique tout le long de sa vie, convaincu du caractère religieux de l’inspiration poétique.


L’excelsior  de l’amour divin porté si haut en ce Siècle d’Or par Fray Luis de León, pérenne en sa fine pointe de l’âme, se verra incarné au XXème par Miguel de Unamuno.

Note Biographique de Jean de la Croix (1542-1591)    -JDC-

    1542 Juan de Yepes naît à Fontiveros en vieille Castille, fils de Gonzalo de Yepes, tisserand et de Catalina Alvarez, il aura deux frères qui l’ont précédé.1545 mort du père laissant la famille dans la misère.1552 Jean entre au service de l’hôpital de la Conception, tout en s’initiant à différents métiers manuels, charpentier, tailleur, sculpteur et peintre. 1563 Juan de Yepes prend l’habit chez les Carmes de Medina, sous le nom de Jean de Saint-Mathias (Juan de Santo Marías). Il s’inscrira à l’Université de Salamanque en 1564 où il sera ordonné prêtre  au cours de l’été 1567. L’année suivante Jean de Saint-Mathias rencontre TA qui l’initie à la réforme du carmel. Il part pour Duruelo et le 28 novembre il y fonde un couvent selon la règle primitive. Il prend le nom de Jean de la Croix. 1569, il est nommé maître des novices, il recevra la visite TA qui l’appellera en 1572 en sa fondation de l’Incarnation comme aumônier et confesseur alors qu’en 1571 il devient recteur du premier collège des réformés, récemment fondé à Alcalá de Henares… En mars 1574 il l’accompagnera pour l’inauguration du couvent de Ségovie et l’année d’après lors de la fondation de Beas de Segura il fait la connaissance d’Anne de Jésus, future dédicataire du Cantique spirituel. Alors qu’il se trouve à l’Incarnation, JDC est enlevé dans la nuit du 2 au 3 décembre et conduit au couvent des mitigés de Tolède, où il sera incarcéré pendant huit mois et demi, il y composera les trente et une premières strophes du poème du Cantique spirituel ; probablement le 17 aôut 1578 il parvient à s’enfuir et se réfugie chez les sœurs réformées de Tolède. Rédaction probable des huit strophes supplémentaires du Cantique spirituel, de Nuit obscure et de la Montée du mont Carmel ; confirmé prieur de Grenade en1583 ; deux ans plus tard il est élu vicaire provincial de l’Andalousie, en résidence à Grenade, charges qu’il abandonnera pour rester  prieur de Grenade. Affecté à la Province d’Andalousie, il se retire à La Peñuela où il tombe malade ; il se rend à Úbeda pour y être soigné et meurt dans la nuit du 13 au 14 décembre 1591. Deux ans plus tard son corps sera transporté à Ségovie où il est enterré.
1618 Publication à Alcalá des Œuvres spirituelles et en 1627 à Bruxelles celle du Cantique spirituel sous le titre de Declaración de las Canciones que tratan del exercicio de amor entre el alma y el esposo Christo. Il sera béatifié en 1675 par Clément X ; en 1726 canonisé par Benoît XIII et en 1926 déclaré docteur de L’Eglise par Pie XI.


FRAY LUIS DE GRANADA
 
De son vrai nom luis Sarria ; né à  Grenade, 1504 mort à Lisbonne, 1588. Issu d’une  humble famille, orphelin il entra au couvent dominicain de Santa Cruz de Grenade en tant qu’enfant de cœur ; Il y prononcera ses voeux en 1524…
Sa formation au Colegio San Gregorio à Valladolid lui offrira l’enseignement des plus grands théologiens tels que Melchior Cano, Bartolomé Carranza, Diego de Astudillo ….
Grande figure de la littérature ascétique espagnole, confesseur de ducs et de Rois, orateur sacré le plus illustre de son temps en Espagne et au Portugal ; Ses œuvres les plus connues au-delà de ses sermons sont : « le Livre de l’oraison et de la méditation(1554), le Guide des pécheurs et le Mémorial de la vie chrétienne (1561), Six livres de la rhétorique ecclésiastique(1576), » ; Traducteur de l’Imitation de Jésus-Christ de Tomas de Kempis, sa version saluée par le Pape ,  fut un livre de grande influence sur Sainte Thérèse d’Avila…
                       

" L' excelsior de l'amour divin porté si haut en ce siècle d'or pérenne en sa fine pointe de l'âme, se verra incarné au XX ° siècle
par Miguel de Unamuno"


Note Biographique de Miguel  De  Unamuno (1864-1936)

Don Miguel de Unamuno naquit à Bilbao le 29 septembre 1864 et mourut à Salamanque le 31 Décembre 1936. Philosophe de la Generación del 98, Recteur de l’Université de Salamanque en 1901, il en sera destitué  en 1914  pour avoir fait de sa charge un symbole national de haut lieu intellectuel de l’Espagne, son indépendance politique et intellectuelle dérangera sa vie durant les autorités de Madrid ;  la seconde République le nommera de nouveau Recteur de l’Université de Salamanque,  pour le destituer quelques années après, pour de nouveau être nommé sous Franco et destitué  le jour très emblématique du dia de la Raza du 12 octobre 1936 après avoir dit en réponse dans le grand amphithéâtre, au général phalangiste Millan  Astray - ce dernier ayant vociféré son vive la mort-,     « vous vaincrez mais ne convaincrez pas »…  rappelant la spiritualité de Cervantes …
Il va sans dire que l’œuvre de Unamuno est considérable -romans, essais ,poésies, articles-  nous retiendrons La agonía del cristianismo essai écrit en 1924 publié en Français en 1927 durant son exil français de l’été 1924 à l’été 1925 ;  L’œuvre maîtresse Del sentimiento trágico de la vida – Du sentiment tragique de la vie- 1912 essai sur l’ontologie, l’éthique et la foi religieuse se révèle être son Traité de l’Amour de Dieu ; au moment de sa parution en 1913, il entreprend le Christ de Velazquez, poème de longue gestation-1920- d’espoir et d’accomplissement dans lequel Dieu et l’homme s’appellent.